Les petites filles qui jouent sous  les tonnelles 
 Ne savent pas quel miracle elles sont pour nous 
 Les fruits sur la planche non plus ni, sur l' échelle, 
 L'essaim des tourterelles s'inquiétant de tout 
    Craintives sous les admonestations des mères 
 Elles ignorent qu'elles nous tuent sûrement 
 A cause, à cause d'un regard qu'elles jetèrent 
 Tout droit dans la raison des éternels amants   
 Ni, dans les jours d'été sans fin, les demoiselles 
 Ne savent pas quel pouvoir elles n'auront plus 
 Bien loin d'ici, quand sur le sable il aura plu 
 Et qu'aucun poète ne se souviendra d'elles   
 Il ne restera rien, ô mes ombrelles blanches, 
 Dans le charnier des hier, pas ces nostalgies 
 Ensevelies avec vous, avec les dimanches... 
 Mais je veux qu'une d'elles vive dans l'oubli   
 Les aura-t-on à temps placées, bruissement d'ailes, 
 Dans les chansons ou discrets froissements des soies 
 Mais infinis, ou dans le panier des airelles 
 Ou ces barques en bas sur le fleuve , ces voix ?   
 Ce fut un été sous des treilles . Bien vingt ans 
 Sont passés. Ce jour-là, la plus jolie fut celle 
 Qui m'aima. Je croisai ses yeux bleus et tout elle, 
 Des sentiments d'enfants très sages, mais très grands