Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne 
 Au coucher du soleil, tristement je m'assieds 
 Je promène au hasard mes regards sur la plaine 
 Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds 
    Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes 
 Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur 
 Là le lac immobile étend ses eaux dormantes 
 Où l'étoile du soir se lève dans l'azur   
 Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres 
 Le crépuscule encor jette un dernier rayon 
 Et le char vaporeux de la reine des ombres 
 Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon   
 Cependant, s'élançant de la flèche gothique 
 Un son religieux se répand dans les airs 
 Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique 
 Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts   
 Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente 
 N'éprouve devant eux ni charme ni transports 
 Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante 
 Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts   
 Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie 
 Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !