Pendant que dormait sa goutte, 
 
 Un vieux mari tout grivois
 
 Disait à sa femme : Ecoute
 
 Le récit de mes exploits
 
 Autrefois, bonne poulette, 
 
 Quand tu vantais ma vertu, 
 
 {x2:}
 
 Je te fis souvent cornette
 
 Tu n'en as jamais rien su.
 
  
  Les femmes les plus coquettes
 
 Me trouvaient bonne façon
 
 J'avais soin, près des fillettes, 
 
 De me donner pour garçon !
 
 Quand l'espoir du mariage
 
 Chez elles était déçu, 
 
 {x2:}
 
 On m'aimait, quoique volage, 
 
 Tu n'en as jamais rien su.
  
 
 Te rappelles-tu l'amie
 
 Qui venait toujours nous voir ?
 
 Je lui tenais compagnie
 
 En ton absence. Or, un soir, 
 
 Près de moi s'étant assise, 
 
 Elle me dit "Que fais-tu ?
 
 {x2:}
 
 Si j'allais être surprise !"
 
 Tu n'en as jamais rien su !
  
 
 Souviens-toi du long voyage
 
 Auquel tu m'as cru forcé
 
 Je préparais mon bagage
 
 Tu pleurais, je t'embrassais
 
 Que les hommes sont canailles !
 
 Huit jours après revenu, 
 
 {x2:}
 
 Je n'avais vu que Versailles
 
 Tu n'en as jamais rien su.
  
 
 Ma confession tardive, 
 
 Entre nous, te prouve au moins
 
 Que tu fus assez naïve
 
 Pour me croire en tous les points.
 
 Je feignais, répond la vieille, 
 
 D'être aveugle car, vois-tu, 
 
 {x2:}
 
 Je te rendais la pareille
 
 Tu n'en as jamais rien su.